Cette exposition présente une installation vidéo, un dessin mural ainsi qu'une série de dessins sur papier. La thématique de cette exposition repose sur les relations ambivalentes entre un sujet et l'Etat, sous la pression constante des renégociations et des réévaluations.

J. Robert Oppenheimer, considéré comme le père de la bombe atomique, et plus tard du programme pour la bombe hydrogène, s'est vu refuser le soutien du gouvernement des Etats-Unis. Ses prises de position en faveur du communisme lui valent des tensions avec les hommes politiques qui l'accusent d'être un danger pour la sécurité nationale. Il est alors suspendu par le président Eisenhower en 1953, évincé de la Commission de l'énergie atomique et congédié de ses fonctions officielles. La personnalité de J. Robert Oppenheimer, physicien, est autant reliée à une notion de progrès scientifique qu'à des évènements catastrophiques, entre la réalisation de son devoir et sa responsabilité morale, entre sa liberté individuelle et la surveillance de l'Etat.

La procédure inquisitoriale menée par la commission du Sénateur McCarthy au sein du gouvernement qui « protège la liberté jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de cette liberté » est en lien avec les conflits de politique intérieure et les débuts de l'opposition extraparlementaire de la République Fédérale de la fin des années 50. Le travail présenté est une mise en scène narrative de cette situation entre son aspect historique quasi mystique et son point de vue documentaire.

La vidéo projetée rassemble des fragments de scènes où trois acteurs reprennent des monologues de J. Robert Oppenheimer, des extraits de ses interrogatoires lors de son audition, mais aussi une multitude de témoignages du Personnel de la Sécurité de la Commission de l'Energie Atomique de Washington en 1954. Les acteurs ne portent aucune valeur à l'aspect historique de la scène (J. Robert Oppenheimer avec à ses côtés Robert Robb, avocat de la Commission de l'Energie Atomique et John Landsdale, agent supérieur de sécurité au Laboratoire national de Los Alamos pendant la seconde guerre mondiale). Il s'agit d'une retranscription purement fictive de la situation.

La table et les chaises, issues de la vidéo présentée, servent occasionnellement ici de siège. Sur la cimaise du fond de la salle d'exposition, un dessin monumental, réalisé à partir d'assemblage, renvoie à la tradition des peintures rupestres où co-existent une multitude de scènes et d'allégories de petits formats. Ce dessin représente des figures rhétoriques éclectiques sur la société et les technologies du XXe et XXIe siècle et vient compléter le contenu des vidéos présentées.