Un nouveau printemps

Stéphane Calais

27 sept. 2014 — 3 janv. 2015

Si le titre de l’exposition personnelle de l’artiste français Stéphane Calais à Passerelle Centre d’art contemporain résonne comme un heureux augure à l’approche d’un automne breton traditionnellement marqué par des cieux capricieux, il faut peut-être plutôt y lire l’ambition affichée de faire éclore, d’éveiller le lieu par la couleur et le trait.  Il y a, en effet, dans cette installation picturale comme une urgence à saisir l’espace, à figer son expérience première de cet ancien quai de déchargement aussi ample que bas de plafond, introduit par le Patio monumental avec sa poutraison de béton précontraint supportant la verrière.

S’il était besoin d‘analogie, on dirait volontiers que les espaces du rez-de-chaussée de Passerelle investis par Stéphane Calais se donnent à voir en perspective à l’image d’un théâtre à l’italienne. En deux temps et un même spectacle, la charpente freyssinienne s’envole dans une nuée de formes colorées qui en défie l’équilibre dans un ballet gravitationnel tandis qu’une fresque noire vient balayer la profondeur de l’espace du Quai dans une pure tradition painterly ¹. Chantre d’un grand art américain emblématique de cette « condition du peintre », le critique Clement Greenberg voyait dans la peinture de Jackson Pollock une nécessité de l’abstraction en ce sens qu’elle « créait cette apesanteur incorporelle qui ne pouvait transmettre ses effets que dans l’abstraction ». On croit volontiers cette perspective critique pertinente pour tenter une définition de la proposition brestoise de Stéphane Calais dont les formes libres agissent sur la structure même du lieu pour extirper le... [lire plus]


1. Le terme anglo-saxon painterly, qui ne connaît pas de traduction littérale en français, définit un style de peinture marquée par l'ouverture gestuelle de la forme ou des formes plutôt que par un travail de plans ou de contours.

Installation in situ à Passerelle Centre d'art contemporain.
Parallèlement à l’inauguration des Pavillons, installation pérenne dans le grand hall de Brest Arena.

Commissaire de l'exposition / Curator : Etienne Bernard