La mer vineuse
Les flots que navigue Francis Raynaud seraient de vin, donc.
La mer vineuse du jeune artiste est une invitation à l’ivresse, ce voyage solitaire en eaux troubles. Et c’est bien une odyssée joyeuse éthylique, heureusement confuse, que postule l’accrochage hirsute et généreux de l’exposition. On plonge, en effet, dans un malstrom référentiel et sémiotique dans lequel se conjuguent, s’égarent et se confrontent des formes aussi hétéroclites : une cuve de récupération des eaux de pluie rehaussée d’une forme de cuivre, un triclinium antique bizarrement haut sur pattes ou encore une toile d’araignée en tôle découpée.
L’exposition est une plongée dans la matière au sens littéral du terme, dans le travail de sculpture car Francis Raynaud revendique bien une posture de l’artiste touche-à-tout engagé, dans son corps et dans ses tripes, dans le geste qui fait forme. Pourtant, cette dernière est toujours mise en jeu dans un univers symbolique qui fonde un récit, résolument intime et ostensiblement viscéral. Il y a, ainsi, quelque chose d’attendrissant, qui fait sourire chez Francis Raynaud mais on s’aperçoit bien vite que le voyage auquel l’artiste nous convie est bien plus périlleux qu’il n’y paraît de prime abord. De là à le taxer de machiavélisme, il n’y a qu’un pas.
Et l’exposition de se dérouler comme une tragédie classique où protagonistes et décors s’engagent dans une danse hasardeuse. Ces œuvres iconoclastes deviennent poèmes-objets à l’apparente simplicité qui, dans leur multiplication goulue, construisent une complexité jubilatoire, une ivresse.
Le projet de Francis Raynaud a été développé dans le cadre des Chantiers– Résidence, programme de soutien aux artistes émergents en Bretagne mené par Passerelle Centre d’art contemporain, Brest et Documents d’Artistes Bretagne.