Le jardin

Anna Solal

5 oct. 2019 — 4 janv. 2020

Les oeuvres d'Anna Solal mettent en jeu un système de figuration quasi-primitif. Ou plus exactement : primordial. C'est-à-dire qu'ils remettent à plat toutes les catégories intrinsèques qui d'ordinaire appareillent notre regard, fondamentalement orientées par le rapport au réel. Tout le système artistique occidental, ses mythes fondateurs, ses développements et son armature conceptuelle, repose sur une perpétuelle oscillation entre ces deux pôles extrêmes que sont le réalisme et l'abstraction. À ce système, Anna Solal n'oppose pas une différence de degré, mais bel et bien de nature. Elle s'en extirpe. Si ces assemblages paraissent primitifs ou primordiaux, c'est qu'on ne peut dès lors les appréhender selon les coordonnées usuelles, pour la simple raison qu'ils font appel à une troisième catégorie encore : ni réalistes, ni abstraits, ils sont réels. Réels, non pas au sens où ils n'auraient pas subi de processus de mise en forme, ou n'appelleraient pas à des images et motifs symboliques. Réels, au sens où leur processus de fabrication procède de l'espace-temps situé qui est celui de l'artiste, de sa position au sein d'une géographie, d'une organisation socio-économique et de symboles intégrés à l'imaginaire collectif.

À ce titre, les assemblages et les dessins d'Anna Solal, ainsi que leur recontextualisation en installations au fil de chaque exposition, se lisent comme autant d'infra-mondes adhérant à la méthodologie des « savoirs situés ». Ce terme, qui apparaît sous la plume de Donna Haraway à la faveur d'un article du même nom de 1988, elle le met à l'épreuve d'un monde contemporain où le système économique néolibéral a progressivement grignoté, au... [lire plus]