L'agonie du calamar
Bricolo déjanté, Géo Trouvetou, matériologue fasciné, les qualificatifs ne manquent pas pour tenter de définir Thibault Pellant et son approche artistique. En petit chimiste amateur, son travail ambitionne de tout résoudre par une bidouille mécanique toujours nourrie par l’imaginaire de ce kid des années 1990, de Lynch à Wenders en passant par Ballard.
Dans une logique un brin loufoque, on le voit tantôt repasser sa chemise en roulant dessus avec sa voiture, procéder au lavage de ce même véhicule avec les embruns de l’océan en furie ou construire une dirty bomb dans la pure tradition esthétique de la sculpture minimale.
C’est sur la jetée du port de Brest qu’il trouve le point de départ de son exposition personnelle à Passerelle Centre d’art contemporain. Pêcheur du dimanche, il observe, fasciné, la mort des calamars dans son seau. Car au-delà d’être très goûteux une fois revenus au persil, ces céphalopodes marins ont la particularité de manifester leur agonie par une étrange crise pigmentaire. Dans une vaine complainte chromatique, toutes les spores de l’invertébré semblent clignoter à l’image de pixels organiques scintillants.
De cette observation résultent deux vidéos aussi envoûtantes que terribles que l’artiste propose à plat au sol comme deux bassins minimaux qui viennent socler l’espace. Loin de s’arrêter à une appréciation phénoménologique, Thibault Pellant environne la décadence de l’animal de ce qu’on pourrait voir comme la traduction picturale de la chose. Armé d’un arc à souder, il scarifie des plaques d’acier préalablement passées à la bombe pour bagnole. Une fois brulées les surfaces peintes,... [lire plus]
Dans le cadre du programme Les Chantiers-Résidence
En partenariat avec Documents d'Artistes Bretagne