Dans mon Jumpy 1.9 TD
Stéfan Tulépo s’intéresse aux espaces communs, architecturaux comme sociaux, à travers traces et évolutions laissées par le temps. Ces pérégrinations dans l’urbanité brestoise, arpentée durant ses trois mois de résidence au volant de sa camionnette, l’ont mené à l’appréhender comme un millefeuille dans lequel gros œuvre, éléments de décoration et bizarreries gestuelles se stratifient. Ici, un arbre a brossé le crépi d’une façade au gré du vent breton, là les murs d’une caserne désaffectée trahissent un espace de vie désormais arrêté…
Loin de se laisser aller à la simpliste fascination pour la mélancolie urbaine si présente dans la ville reconstruite, Stéfan Tulépo l’aborde à la manière d’un archéologue-poète pour récupérer puis transcender les formes de la banalité que recèle ce terrain de jeu. C’est en sculpteur, résolument engagé dans un geste plastique volontaire, qu’il s’empare des objets glanés. D’une éraflure, d’une cassure, d’une tache, il vient prolonger une forme en jouant avec les hasards que les matériaux, le temps, les couleurs, les textures, la poussière, le nombre de couches, les outils employés peuvent lui offrir.
Il excave ainsi des pierres de parement d’un ancien âtre les icones de l’urbain que sont les poteaux électriques et autres candélabres, sculpte les motifs récurrents des façades dans une série de volets dégondés ou encore se livre à la gravure minutieuse d’une rue de Brest à la surface d’un aquarium domestique.
Dans le cadre du programme Les Chantiers Résidence mené par Passerelle Centre d’art contemporain et Documents D’Artistes Bretagne.