Entre 2020 et 2021, Setu s’est associé à Passerelle pour accueillir en résidence Pauline Marx à la suite de sa performance Le Trou du Diable jouée au festival Setu en août 2020. Elle invite Tatiana Karl Pez à collaborer avec elle dans une ancienne carrière de kaolin à Berrien dans les Monts d’Arrée. Ensemble, elles arpentent le site, en éprouvent sa résilience et se laissent volontiers habiter par ses fantômes. La carrière est peu à peu vécue comme un personnage agissant de l’histoire, une fosse au coeur crevé. De cet arpentage sensible entre l’étude et l’immersion, naît La Beurrée, un projet qui tente, en les citant, de ”faire alliance avec la « terre de beurre » ou la « graisse tellurique », ressource organique précieuse et convoitée, vieille de plusieurs millénaires, et les interstices d’un lieu rendu à lui-même”.

Laissant pelles et pioches de côté, les mains dans les amas de kaolin trouvés sur le site, elles ont prélevé la matière pour la connaître et lui prêter une voix, comme on chante avec soi-même dans le puits pour voir que l’addition des échos se transforme en multiplication. Elles modèlent en écuelles, cloches et sabots, instruments sonores, à boire ou à jouer, pour veiller les cuissons de la terre, rejouer le chant des crapauds accoucheurs ou raconter les récits collectés dans cette aventure de la transformation.

Le 4 décembre 2021, ces formes sont regroupées lors d’une performance réalisée à l’occasion de Setu à Passerelle, programmation de performances au sein du centre d’art. Ce qui est présenté ici est la restitution des semaines de recherches menées dans la carrière de kaolin et de la performance La Beurrée qui en a découlé.