Frédéric Teschner
Le travail graphique de Frédéric Teschner se forge dans l’exploration empirique permanente, dans une question lancée, une photo prise à l’Iphone ou un crobard fébrile jeté dans son Moleskine. Il s’invente chercheur, non pas un de ces laborantins qui étudient et décortiquent un sujet mais un observateur boulimique, toujours à l’affût de la rencontre avec un penseur, un artiste, une œuvre, de la découverte d’une bizarrerie architecturale, une craquelure dans un mur, une image insolite... Il devient un flâneur au sens dix-neuvièmiste du terme pour qui le monde qui l’entoure compose un paysage à arpenter où débusquer icônes et expériences et dont la traversée provoque les idées en cascade. Dans ses pérégrinations récurrentes sinon quotidiennes, il glane des formes, des textures, des symptômes, des usages pour composer sa « matériauthèque ». C’est un socle, une base de données hirsute comme on en trouve dans bien des disques durs d’artistes. Les items qu’elle recèle échafaudent des scénarii graphiques comme autant de stratégies narratives et poétiques dont l’épilogue sera une affiche, un livre ou une exposition. Sa démarche de conjugaison d’icônes relève de l’alchimie, d’une tentative de transformation, de transmutation qui dépasse la simple manipulation et confrontation d’éléments préexistants.
Frédéric Teschner était, jusqu’à sa disparition en 2016, le graphiste de Passerelle. L’hommage que nous lui rendons cette saison n'a pas de caractère rétrospectif mais se veut une plongée dans sa matière visuelle et graphique.
Cette exposition a été sélectionnée par la commission mécénat de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques qui lui a apporté son soutien