Samson et Dalila
Au commencement, il y a un titre : Samson et Dalila. Référence biblique par excellence, il évoque autant une histoire de la peinture classique que le thème éculé de l’aventure amoureuse qui finit mal, en général. Contrairement à l’usage qui consiste à nommer la pratique une fois celle-ci réalisée, ce titre, Corentin Canesson l’avait choisi avant de débuter sa résidence à Brest. Il devient alors le point de départ à partir du quel l’exposition s’est construite, hypothèse qui irrigue le travail.
Conscient que proposer un titre de prime abord, c’est mettre la charrue avant les bœufs, l’artiste poursuit la même idée en choisissant de réaliser une série de peintures au format 120 x 176 cm déployées dans les cadres urbains que sont les panneaux publicitaires. Affiches de promotion autant qu’œuvres uniques, elles revendiquent les éléments de communication de l’exposition comme prétexte à la peinture. Comme Monet maltraitait volontiers ses bottes de foin par tous les temps, Canesson arrange son « Samson et Dalila à Passerelle » à toutes les sauces, picturales cette fois. Chaque affiche devient l’excuse pour explorer les canons de l’abstraction. On reconnaît ici un peu de Morris Louis, là un zest de De Kooning, plus loin un soupçon de Rebeyrolle, etc.
Et c’est, en somme, de cette série que toute l’exposition émane. Son exploration érudite génère les autres œuvres en alimentant un plaisir de peindre entre les traits de ses héros. Corentin Canesson a grandi dans des années 2000 bâties sur l’après-abstraction, reléguant cette dernière au siècle révolu. Force est de constater qu’il prend cette doxa à rebours en revendiquant au... [lire plus]
Dans le cadre des Chantiers-résidence, programme de soutien aux artistes émergents en Bretagne mené par Passerelle Centre d’art contemporain et Documents d’Artistes Bretagne.