Bénin
Aurélien Mole cultive une approche d’artiste dandy, sophistiqué conjuguant précision érudite et poétique de la façon. Son travail joue avec perspicacité de la référence historique et artistique, souvent déplacée, toujours maîtrisée. Sa proposition à Passerelle Centre d’art contemporain malicieusement intitulée « Bénin » quelque part entre nonchalance et partage d’exotisme convoque l’histoire de l’art et de la technique – et notamment photographiques - comme autant d’objets d’étude et socles de création.
À la fois cœur et mécanique de l’exposition, un film puise son inspiration dans les recherches d’Hippolyte Bayard. Ce photographe et inventeur, employé du ministère des finances passait ses pauses déjeuner sur le toit de l’administration où il disposait des statuettes en plâtre sur fond noir face à une camera obscura afin d’obtenir des images se détachant en blanc sur un papier noir de son invention. Comme souvent chez Bayard, l’artiste prend le pas sur le chercheur, et les statuettes en plâtre, simples sujets d expérience choisis pour leur qualité de blancheur, se multiplient dans des compositions de plus en plus baroques. Au final, les images qu’enregistre Bayard forment une sorte de cabinet de curiosité en plâtre dont la raison d’être n’est plus que lointainement son rendu bidimensionnel. C’est sur ces compositions qui proposent une sorte de musée universel réduit à sa plus simple expression que s’appuie le film en proposant d’observer en accéléré la course du soleil sur neuf objets placés sur un fond noir qu’on retrouve dans l’exposition.