La pièce de Daniela Comani „c’était moi. journal 1900-1999“ existe en plusieurs versions et en plusieurs langues. Rédigée en allemand en 2002 sous le titre „ich war’s. tagebuch 1900 - 1999“, elle a été présentée en 2005 sous la forme  d’un livre ainsi que sous la forme d’une installation sonore. Dans les années suivantes, des versions anglaises et italiennes ont été publiées et une piéce murale de moyen format en impression sur textile a été produite. Pour la première fois, la pièce est maintenant montrée sous une forme conçue pour l’espace public : comme une image gigantesque montée sur châssis (3,80 x 16 m), le texte du journal, organisé en douze colonnes, est ainsi présenté, et accroché pendant six mois sur la façade du centre d’art passerelle à Brest. Les différents formats d’articulation et de présentation de la pièce sont autant de manières artistiques distinctes basées sur une même matière, un texte.

La version de la pièce spécialement produite pour le centre d’art passerelle prend très explicitement pour thème la relation entre l’individu et la dimension collective de l’histoire. Dans le même temps, l‘oeuvre s’inscrit à la fois comme témoignage subjectif dans l’espace du souvenir et comme mémoire publique dans le contexte urbain.

Ce texte de Daniela Comani est basé sur une compilation de matériaux déjà existants. Pour chaque jour d’une année imaginaire, Daniela Comani a récolté des annotations sur un événement spécifique et réel du 20ème siècle. Elle a ensuite organisé, classé et présenté ses 365 notes selon des dates allant d‘un 1er janvier à un 31 décembre. Les événements, dont certains sont historiquement importants, et d‘autres par contre plutôt reliés à la vie quotidienne, sont linguistiquement retranscrits à la première personne du singulier. Grâce à cela, le texte produit l’effet d’un journal personnel, qui s’étalerait sur une année entière.
La sélection des événements présentée ne suit pas les critères d’une historiographie officielle, mais devient toute personnelle. Par cette sélection des faits basée sur une motivation individuelle, se produit alors un tourbillon des événements. Des noms, des lieux changent en permanence, des actes se répètent, se doublent en différents rapports : des découvertes, des inventions, des élections, des changements de gouvernement, des guerres, des assassinats, des naissances, des rapts etc. ... Comme coupable et victime en même temps, le narrateur-je ou la narratrice-je court presque à bout de souffle à travers l’histoire condensée du 20ème siècle, son 20ème siècle.